Marcus Tullius Tiro (
103 av. J.-C.,
Arpinum –
4 av. J.-C.,
Puteoli), plus connu sous le nom de Tiron, fut un
esclave puis un
affranchi de
Cicéron, homme d'état romain.
Biographie
Tiron naît en
103 av. J.-C. à
Arpinum, esclave dans la famille de Cicéron dont il est de de trois ans le cadet. Il grandit avec lui et le suit à Rome. Cicéron l'affranchit en
53 av. J.-C. : Tiron prend alors, selon l'habitude, le
praenomen (Marcus) et le
nomen (Tullius) de son maître. Tiron suit celui-ci quand il est nommé gouverneur de la province de
Cilicie, mais en est occasionnellement séparé pour des raisons de santé.
Tiron sert Cicéron comme secrétaire, mais aussi de plus en plus comme confident. De retour d'un voyage à Athènes, Cicéron lui demande d'adapter les « notes grecques », une méthode d'écriture abrégée dont l'auteur, Xénophon, se serait servi pour transcrire les discours de Socrate. Tiron invente alors un système personnel qu'il utilise pour transcrire les discours et plaidoiries prononcés par Cicéron devant le Sénat et les tribunaux romains. Après la mort de Cicéron, Tiron publiera les écrits de son maître et sa biographie.
Tiron meurt à Puteoli en 4 av. J.-C., presque centenaire. Il a donc été un observateur privilégié d'un siècle très tourmenté de l'histoire de Rome.
Les notes tironiennes
La méthode de Tiron est composée de 1100 signes. De nombreux discours de Cicéron ont été conservés, ce qui a permis de comprendre les «
Notes tironiennes », qui sont l'origine des systèmes de
Sténographie modernes. Tiron serait aussi l'inventeur de l'
esperluète, toujours utilisée de nos jours.
Les notes tironiennes ont été utilisées pendant plus d'un millénaire et demi, jusqu'au XVIIe siècle, sans qu'une amélioration significative ait été apportée.
Jean Coulon de Thévenot tentera en 1776 de réformer le système de Tiron, mais sa méthode ne sera finalement pas retenue, d'autres méthodes plus récentes s'étant déjà imposées.
Analyse par Carpentier, 1747
Pierre Carpentier a été l'un des premiers à tenter de comprendre les méthodes de «
chiffrement » des notes de Tiron. Il a publié
Alphabetum Tironianum, seu Notas Tironis Explicandi Methodus en
1747.
Dans la méthode de Tiron, chaque lettre est représentée par un symbole. Une autre caractéristique est d'utiliser l'initiale d'un mot pour l'abréger, méthode encore utilisée de nos jours. Exemples : A.D. pour « Anno Domini », N.B. pour « Nota bene », etc.
Carpentier a plus particulièrement étudié le manuscrit latin numéro 2718, disponible à la Bibliothèque nationale de France. Son travail a été sévèrement critiqué par des études postérieures.
Autres analyses
Jean Gruter a étudié les notes tironiennes et en a réuni plus de 13 000 dans un ouvrage qu'il a publié en
1603.
Nombre de sténographes ont étudié les notes tironiennes. On peut citer par exemple Louis Prosper Guénin, auteur du livre Les Notes tironiennes, leur nature et leur origine (1882, Arras).
Au cours du XIXe siècle, on poursuit avec plus d'ardeur l'étude de ces notes, afin de traduire les nouveaux documents qui ont été trouvés.
En 1817, Ulrico Kopp publie à Mannheim « Paleographia critica seu tachigraphia veterum exposita », qui fonde l'histoire de la sténographie antique et constitue un véritable ouvrage de référence sur les notes tironiennes, avec un dictionnaire de plus de 12 000 mots classés par ordre alphabétique. Cette oeuvre essentielle a permis la traduction de documents qui seraient restés inconnus pour l'humanité.